Quels rôles, au sens large, la presse a-t-elle joué par le passé dans nos sociétés ? Quel rôles peut-elle légitiment prétendre occuper aujourd’hui ? Quelle est l’importance de ce rôle, à supposer que nos sociétés lui l’accorde ? De quel crédit jouit-elle auprès des communautés de lecteurs qui se réduisent peu à peu, mais avec régularité et de manière inexorable ?
En France, comme dans un grand nombre de pays, la presse écrite est un secteur d’activité vulnérable. Ce « média », support de diffusion de l’information, entre concurrence frontale avec Internet, directe avec la radio et la télévision. Elle est considérée en danger – et le danger est réel – dans la forme qu’elle-même a peu à peu mis au point.
Matière première du journaliste qui la transforme, l’information est aujourd’hui un produit de consommation. Or la presse écrite doit être rentable pour survivre. La production de l’information emprunte donc aux logiques de marché et se soumet aux diktats productivistes, à leurs dérives, par conséquent, hors quelques irréductibles rédactions qui tentent de résister, toutes fonctions vitales sous surveillance accrue.
Pourtant, le journaliste continue de fasciner et sa production d’information nourrit autant de fanstasmes qu’elle suscite de défiance. La presse écrite apparaît-elle encore importante, comme élément probatoire de la vitalité démocratique d’un pays ? Et alors, pourquoi ? Quelles sont ses fonctions ? Comment doit-elle bénéficier au plus grand nombre ? Le peut-elle encore, financièrement et techniquement ?
Les fonctions de la presse
La presse doit à la fois informer, rendre service, juger l’événement et détendre ses lecteurs.
- Information. Si l’on achète un journal (ou un article), c’est avant tout pour y apprendre ou tenter de comprendre quelque chose : en d’autres termes, s’informer. Dans cette fonction, le journal papier subit la concurrence directe d’Internet, et dans une moindre mesure, celle de la télévision et de la radio. L’information brute est fournie à tous les médias par les dépêches d’agence avant d’être vérifiée et mise en forme. Au moins en théorie.
- Éclairage. Le journal est un support indispensable à la vie démocratique : «le quatrième pouvoir» rapporte des faits, explique l’événement, le commente, le met en relief et en perspective, partcipant à forger, chez le lecteur, esprit critique et opinion.
Le lecteur choisit très souvent son journal selon ses propres jugements de valeur. Il attend une sélection et une hiérarchisation des informations, principalement des faits, éventuellemet des commentaires. Quand elle dénonce des scandales ou lutte contre la désinformation, la presse est souvent appelée .
- Service. Un journal propose une palette de renseignements pratiques : programmes de télévision, résultats sportifs, médecins de service, résultats d’examens, petites annonces, carnet et nécrologie… Une fonction dans lequel le journal est difficilement irremplaçable, notamment auprès de ses lecteurs les plus âgés.
- Distraction. Le journal contient des rubriques de détente, pas toujours directement à l’actualité – dessins, photos, jeux, mots croisés… -, car il se doit (aussi) être distractif.
Les journalistes font également des efforts de concision, de clarté, de brio pour rendre la lecture agréable. Enfin, la mise en page contribue aussi à accrocher le lecteur et à rendre sa lecture plus aisée.
Les genres journalistiques
On distingue différents genres d’articles selon leur objectif et leur mode d’écriture.
Les genres informatifs
- L’article est le texte journalistique de base. De taille et de présentation variables, il transcrit un événement, décrit les faits, les acteurs, et fait apparaître les causes et les conséquences des faits.
- La brève est la plus petite information possible. Elle répond aux questions fondamentales, les fameux 5W : «qui ? », «quoi ?», «où ?», «quand ?», éventuellement «comment ?» et « pourquoi ?». Elle ne comporte généralement qu’un seul paragraphe.
- Le compte-rendu, plus impersonnel, retranscrit un débat, une conférence, une séance d’assemblée, etc.
Les genres « nobles »
Les genres nobles caractérisent des articles assez longs, qui exigent maîtrise et rigueur.
- Le reportage est un témoignage direct. Le reporter se rend sur le terrain, donne du relief et de l’humanité aux faits en faisant part de ses sensations et de ses sentiments, en s’identifiant aux personnages. Son but : faire le point sur une question en donnant sa vision personnelle de l’information.
- L’interview est un genre difficile, qui doit maintenir un suspens. Les meilleures interviews sont des passes d’armes verbales, où le journaliste et l’interviewé font leurs preuves. L’interview doit amener la personne interrogée à se révéler, à dévoiler ce qu’elle n’avait pas obligatoirement envie de dire. Les informations recueillies sont recomposées et sélectionnées.
- Le portrait évoque une personnalité, connue ou non, à travers ses différentes caractéristiques : biographie, activités, projets, déclarations. Il peut être présenté sous des formes différentes : photo légendée, reportage, article, interview, etc.
- L’enquête fait le point sur une question, cherche à établir la vérité sur une situation, une personne, une question d’actualité. Cette démonstration réunit une documentation importante, des contacts sur le terrain. Elle consiste en différents articles, écrits par plusieurs auteurs. Elle mêle articles d’information et articles de commentaire.
Les commentaires
- L’éditorial est un article qui prend position sur l’actualité en engageant la responsabilité morale du journal. Il peut dénoncer un fait ou une situation, en relation avec la ligne éditoriale du journal. Il joue un rôle de défense de valeurs sociales et morales, d’éveil des consciences.
- Le commentaire proprement dit accompagne une nouvelle, un dossier, une enquête, un reportage. Il donne une analyse et une interprétation de l’information. C’est un article toujours signé. La mention « Commentaire » peut apparaître en surtitre.
- La critique est une sorte de commentaire dans le domaine des arts et de la culture. Le critique est un expert – en musique, cinéma, théâtre, littérature, etc. – qui doit évaluer les aspects positifs et/ou négatifs de son objet de travail pour éclairer le lecteur.
- La tribune libre est une prise de position ou une réflexion. À la différence de l’éditorial, elle n’engage pas la rédaction du journal : elle est écrite et signée par un auteur, connu ou non, extérieur au journal.
Les genres de divertissement
- Le billet est un court article d’humeur sur un fait d’actualité, caractérisé par sa brièveté et sa chute, inattendue, humoristique, paradoxale ou impertinente.
le porte-plumes 